“He who would learn to fly must first learn to stand
and walk and run and climb and dance;
one cannot fly into flying”
F. Nietzsche
Née en 1955, je commence à peindre à l’âge de vingt ans lorsqu’étudiante au baccalauréat en philosophie. À partir de cet instant deux passions se chevauchent et animeront toute ma vie: la peinture toujours à découvrir et un amour de la sagesse toujours à parfaire. La vingtaine et une partie de la trentaine se passent à peindre. À cette époque je suis représentée par la Galerie John Daniel, rue Queen Mary, pour ensuite prendre racine rue Duluth où j’ouvre mon atelier, pignon sur rue. À quarante ans c’est la philosophie qui prend les devants alors que je vis l’immense privilège d’enseigner pendant plus de vingt ans aux étudiants de cégep. Depuis un an et des poussières je suis à la retraite, « jubilaciõn » en espagnol! La peinture reprend ses aires avec gourmandise, à moi d’ouvrir espace et temps afin d’assouvir ses appétits.
La peinture a toujours été et demeure, pour moi, une écriture qui ne trompe pas. Elle me dévoile des trames narratives qui surgissent des profondeurs, m’enseignant mes propres états d’âme. Elle me dirige bien plus que je ne la dirige, du moins c’est le vécu qu’elle m’a offert jusqu’à ce jour. Lorsque je tente de m’imposer elle se tait obstinément, sourde aux implorations qui la somment d’apparaitre à l’intérieur d’une idée précise à laquelle je m’accroche. Cela fait quarante ans que je chemine à ses côtés et, comme dans toute relation, je sais la critiquer, la juger, m’en éloigner et, comme dans toute relation, elle s’avère être un guide de vie magnifique.
J’identifie bien, à travers les époques, la variété des paysages intérieurs, la nature des questionnements qui ont accompagné mon vécu. De la force vitale de la vingtaine où tous les espoirs sont permis, malgré ses inévitables déboires, aux paysages plus tristes d’une trentaine et d’une quarantaine qui cherchent à comprendre le sens du voyage, me voilà aujourd’hui en train d’explorer des lieux lumineux, non plus portée par l’espoir de ce qui pourrait être mais enracinée dans la joie grandissante de ce qui est, déjà là.
Merci de vous intéresser à mon travail en espérant continuer la conversation de vive voix.